Biphobie : la triple peine des femmes biEs (2ème partie)
– Trilogie invisiBIliIté –
Par SAMINT
La biphobie est mal connue puisque celle-ci intéresse peu les leadeurs/deuses d’opinion, ou ne réussit pas vraiment à mobiliser les énergies militantes autour de cette cause qui concerne pourtant des millions de personnes, un silence plus qu’assourdissant n’est-ce pas ?
Tout d’abord, commençons par rappeler que la « biphobie » n’est ni la « gayphobie », ni la « lesbophobie », ni la « transphobie » – et que la bisexualité est une orientation sexuelle à part entière – autre que l’hétérosexualité et l’homosexualité. Les personnes bisexuelles font aisément le constat amer que la biphobie concerne un spectre large de la population, quel que soit leur âge, leur sexe, leur orientation sexuelle, leur catégorie socioprofessionnelle ou même leur engagement au sein de la communauté LGBT+. Le sentiment d’être la cinquième roue du carrosse se fait rapidement sentir, dans cette vision très normative tant d’un côté que de l’autre, puisque le centrisme des hétérosexuel-le-s, des gays et des lesbiennes exclue les bi-e-s.
Les bisexuel-le-s font l’objet de stéréotypes spécifiques tant de la part des hétérosexuel-le-s que des homosexuel-le-s et donc y compris de la part de personnes sensibilisées à la notion de discrimination en corrélation avec l’orientation sexuelle. Les bisexuel-le-s sont soit les grand-e-s oublié-e-s des débats, soit infantilisé-e-s, soit présenté-e-s de manière péjorative voire même perverse comme des personnes pratiquant à tout-va la polygamie, le libertinage, l’infidélité ou encore comme étant incapables d’avoir une relation de couple, si ce n’est pas tout cela à la fois.
Les bisexuel-le-s doivent également faire face à l’accusation généralisée d’une supposée prédisposition à une sorte d’« instabilité psychologique » qui leur serait propre, bien que ceci n’ait aucun fondement scientifique. Nous pouvons désormais affirmer que le silence qui règne autour de la biphobie dans notre société relève de la santé publique car les bi-e-s sont les laissés pour compte des droits LGBT, subissant quotidiennement le déni de leur orientation, le rejet, la moquerie, le dénigrement, le jugement de valeur, les insultes et des agressions de tous ordres. La persistance de ces préjugés est intimement liée à des mécanismes d’oppression et de domination.
Etant donné que la « Trilogie InvisiBIlité » a été rédigée au lendemain de la « Marche des Fiertés » 2016, il semble judicieux de se demander si cette orientation sexuelle qu’est la bisexualité serait encore un tabou (alors que ses traces historiques remontent à l’Antiquité) ou encore ce qui pourrait expliquer son rejet. L’objectif premier de cette « Trilogie » est de vous inciter à créer une structure féministe digne de ce nom dédiée à la lutte contre la biphobie, l’invisibilité des bi-e-s et la « triple peine » des femmes bisexuelles.
2 ème partie de la « Trilogie invisiBIlité »
Biphobie : la triple peine des femmes biEs
La biphobie prend racine dans une haine, une peur, un mépris ou un dégoût de la bisexualité ou des bisexuel-le-s. Cette attitude n’est pas uniquement le fait d’hétérosexuel-le-s : les homosexuel-le-s peuvent également être auteur-e-s de ce délit répréhensible par la loi sous le volet « Homophobie » (il n’existe en effet pas de textes de loi spécifiques à la condamnation de la biphobie). La croyance à un certain nombre d’idées préconçues construit et façonne durablement la discrimination à l’encontre des bisexuel-le-s. Les homosexuel-le-s et les hétérosexuel-le-s biphobes se voient comme les « bons » éléments et ne se privent pas de faire la morale aux bisexuel-le-s au nom de leur vision de la société ou de la sexualité. Cette posture de surplomb au quotidien à l’encontre des bi-e-s est tout simplement inadmissible, il est temps de rompre le silence et surtout faire en sorte que cela cesse pour espérer atteindre un semblant d’égalité. Les femmes bisexuelles en particulier subissent une triple peine, celle de la double biphobie (hétéro/homo) qui s’imbrique avec le sexisme et les violences patriarcales du quotidien sachant qu’elles ont encore moins de visibilité que les hommes bis (médias, art, culture etc…).
La biphobie est une discrimination qui se traduit par une attitude haineuse, dénigrante, méprisante ou craintive à l’égard de personnes ayant une orientation sexuelle perçue comme une « déviante », comme non fiable ou même carrément inférieure aux deux autres orientations sexuelles (hétérosexualité/homosexualité). Les personnes biphobes vont jusqu’à explicitement nier l’existence de cette orientation sexuelle en affirmant qu’il ne s’agirait d’une « phase » par exemple. Ainsi, lorsqu’un débat d’ordre social, sociétal, culturel ou politique en lien avec l’orientation sexuelle, s’ouvre, les personnes bisexuelles sont systématiquement invisibilisées.
A l’occasion du débat sur le « mariage pour tous » appelé, à tort, « mariage gay », il a encore une fois été frappant de noter la complète occultation de la bisexualité dans les discussions tant de la part des réactionnaires hostiles au mariage de partenaires de « même sexe » que de la part des personnes favorables à ce projet de loi : il suffit de compter les occurrences du terme bisexuel pour s’apercevoir que les bisexuel-le-s sont les grand-e-s oublié-e-s des débats aspirant au progrès social, qu’il s’agisse d’un contexte privé, public, politique, législatif et même associatif. Le débat sur le projet de l’ouverture du mariage aux couples de même sexe a été l’occasion de constater que cette vision binaire du couple, quelle soit hétérosexuelle ou homosexuelle, persiste dans notre société.
Les personnes bisexuelles n’existent socialement/politiquement qu’à travers l’hétérosexualité ou l’homosexualité, ce qui revient de toute évidence à leur dénier le statut de citoyen-ne-s – ce que nous ne nommons pas finit inévitablement par ne pas exister dans l’espace public. Cette assignation forcée à l’hétérosexualité ou l’homosexualité, en fait, une assignation à rentrer dans le rang, est un procédé à la fois normatif, violent et pour le moins insidieux, balayant la bisexualité d’un revers de main. La dimension progressiste du projet de mariage pour tous et toutes s’en trouve tout à coup écornée.
Le fait que les couples de même sexe puissent accéder aux mêmes droits civiques que les couples identifiés comme forcément « hétérosexuels » demeure indéniablement une avancée sur le plan juridique pour les personnes favorables au mariage. Il faut cependant noter que ce dernier demeure un élément constitutif du système patriarcal. Le plus simple n’eût-il pas été d’adopter le principe du « mariage pour personne » ? La signature d’un contrat ne garantit pas la pérennité du couple. Les chiffres relatifs au nombre de divorce sont plus qu’éloquents, et certain-e-s homosexuel-le-s n’étaient pas spécialement enthousiastes à l’idée de défendre cette institution… .Néanmoins, cette égalité en termes de droits civiques est pour le moins louable en attendant l’abolition du patriarcat.
La couverture médiatique de l’acte de terrorisme islamiste perpétré à Orlando peut également être citée comme un énième exemple d’invisibilité des bisexuel-le-s mais aussi comme le récit d’une triple occultation : celle de ne pas affirmer qu’il s’agissait clairement d’un acte visant à atteindre la communauté LGBT+, celle d’omettre que les personnes susceptibles de fréquenter l’établissement « Pulse », où la tuerie a eu lieu, pourraient potentiellement être AUSSI bisexuel-le-s et pour finir celle de s’obstiner à ne pas nommer l’islamisme qui est un fascisme. L’onde de choc de la fusillade d’Orlando fut pourtant à l’origine d’une vague sans précédent de « coming out » de bisexuel-le-s dans les réseaux sociaux au-delà des simples manifestations de soutien, de compassion ou de colère suscitées par ce massacre : mais là encore, ce fait a été occulté.
L’occultation de la bisexualité peut également être relevée au sujet du débat sur la Procréation Médicalement Assistée (PMA). Celle-ci ne concerne pas seulement les lesbiennes mais aussi toutes les femmes célibataires quelle que soit leur orientation sexuelle. Les extrémistes catholiques de La Manif Pour Tous (LMPT) entre autres ont réussi à être entendus par le Gouvernement Hollande qui a jugé opportun d’effectuer une nouvelle « reculade », et ceci comme par hasard, suite à sa visite au Vatican.
La biphobie des hétérosexuel-le-s et des homosexuel-le-s trouve sa source dans le maintien et la diffusion de clichés tenaces provoquant inéluctablement une violence qui peut être verbale, psychologique, physique et même sexuelle – cette violence se manifeste par des insultes, du dénigrement, du mépris, des « plaisanteries » de mauvais goût, des passages à tabac, des viols ou encore diverses formes d’hypocrisies sociales et de discriminations souvent marquées par une franche mise à l’écart.
La biphobie des homosexuel-le-s trouverait une justification dans la vision dangereusement péjorative de la bisexualité, selon laquelle les bi-e-s seraient atteint-e-s d’une incapacité généralisée à assumer leur homosexualité. Les propos biphobes émanant d’homosexuel-le-s sont aussi fréquemment accompagnés d’une accusation de traîtrise, pour avoir osé s’affirmer comme bisexuel-le-s notamment dans une configuration de couple de même sexe mais aussi d’une autre accusation celle de vouloir sciemment « profiter » des acquis des luttes gays et lesbiennes sans faire leur coming out en tant que tel (donc lorsque les bi-e-s vont aux manifestations pour défendre les droits des un-es et d’autres, cela est considéré comme négligeable). Le rejet des homosexuel-le-s s’exprime également dans le reproche selon lequel bisexuel-le-s n’auraient pas suffisamment payé le prix du sang dans les heures sombres de notre Histoire (ce qui revient à faire de la surenchère victimaire). Les biphobes homosexuel-le-s reprochent aux bisexuel-le-s de profiter également des « privilèges » d’une société « hétéronormée » lorsque ces dernier-ères sont en couple avec une personne de l’autre sexe et ceci se ressent aussi dans l’exclusion ou l’absence de bi-e-s dans les différents événements de la vie culturelle LGBT+ qui sont eux-mêmes dominés par l’omniprésence des gays ou des trans.
La biphobie dispose d’une large palette d’actes biphobes, car il n’y a ni profil type ni de contexte spécifique à la parole biphobe décomplexée, que ce soit de la part de membre de la famille, d’ami-e-s, de voisin-e-s, de collègues, de camarades de classe, de commerçant-e-s et même du ou de la partenaire avec lequel-le vous pourriez être en couple etc… . Cependant, la biphobie, tout comme les autres propos –phobes, se traduit par une attitude de rejet, de défiance, de dédain, de mépris, de dénigrement, d’exclusion, de harcèlement, d’injures, de moqueries, d’humiliations, de discriminations, d’intentions de nuire ou encore par une politique de l’indulgence envers ces agressions quotidiennes. Selon les homosexuel-le-s biphobes, les bisexuel-le-s seraient même coupables du maintien des inégalités entre les couples dans notre société puisqu’elles/Ils ne se déclarent pas homosexuel-le-s : cette posture consiste à attaquer les personnes bisexuelle ad hominem – au lieu de combattre le SYSTÈME en lui-même, afin de changer durablement les mentalités.
Les hétérosexuel-le-s biphobes associent (aussi) la bisexualité au libertinage, à l’infidélité et/ou à une sorte d’instabilité psychologique comme étant propre aux bi-e-s ; ce qui rappelle étrangement la démarche de psychiatrisation de toutes les personnes ne se fondant pas dans le moule de l’hétérosexualité. Cette association au libertinage donne lieu à plus de harcèlement sexuel (pour les femmes biEs), à des regards désobligeants, malsains ainsi qu’à l’ « invitation » à avoir telle ou telle pratique sexuelle dégradante et fantasmée et amplifiée par la diffusion en masse de la pornographie les mettant en scène comme des personnes ne pouvant pas être monogames.
Compte tenu de l’image peu valorisante et même franchement inquiétante de la bisexualité dans l’imaginaire collectif, les personnes bisexuelles rencontrent de grandes difficultés à faire leur « coming out » en raison de l’existence de nombreuses idée fausses et stéréotypées à leur égard – ironie du sort – l’occultation de la bisexualité est également constatée chez des personnes dont le « comportement sexuel » ne correspond pas à l’orientation sexuelle annoncée en société du fait de pressions sociales importantes. Le comble de la biphobie est d’être propagée par les personnes « bisexuel-le-s » elles-mêmes, par déni, malgré le fait que celles-ci soient susceptibles d’êtres attirées par un homme ou une femme. Etant donné que la contradiction ne tue pas, la bisexualité est également niée par des personnes ayant déjà eu des relations ou des rapports sexuels avec les deux sexes au cours de leur existence, ce qui ne les empêche pas de traiter les bisexuel-le-s de « traîtres » et/ou de « malades mentaux ».
La biphobie consiste aussi à imputer systématiquement des défauts, des mauvaises intentions ainsi que des comportements malveillants à des personnes qui auraient simplement le tort d’assumer leur orientation sexuelle comme étant celle de la bisexualité, et tout ceci dans un climat pesant de suspicion permanente et de pressions sociales et psychologiques. Il est difficile de répondre à des inquiétudes aussi irrationnelles que grotesques et parfois profondément injustes pour ne pas dire proche de la « paranoïa » envers les bisexuel-le-s. La pensée biphobe induit au fond une forme de déterminisme dans la vision de ce qu’est un couple, tout en entretenant l’ignorance ainsi que l’idée selon laquelle il serait impossible qu’une personne bisexuelle renonce à bénéficier aux dits « avantages » sociaux de l’hétérosexualité en société, en guise d’argument pour mieux la déshumaniser et in fine encore une fois l’exclure. A noter que même lorsqu’une personne bisexuelle est en couple que ce soit ou non avec une personne du même sexe, il arrive que celle-ci soit (sans cesse) « suspectée » de vouloir à tout moment retourner vers un-e partenaire de l’ « autre sexe ». La personne bisexuelle est donc perçue comme un être éternellement luxurieux ou perpétuellement insatiable sur le plan sexuel, comme si la qualité de la relation ne comptait pas à ses yeux, et comme si la seule et unique chose qui régirait sa vision du monde était le sexe. Cette hypersexualisation est dégradante et empêche pour le coup le/la biphobe d’instaurer une relation saine basée sur la confiance et le respect mutuel. En outre, certains propos biphobes sont tellement violents et même incompréhensibles pour le commun des mortels, que nous pouvons nous demander si cela ne relèverait pas (aussi) d’une haine de soi, celle d’une éventuelle prise de conscience de leurs propres attirances pour l’autre sexe (concernant les homosexuel-le-s) ou pour le même sexe (concernant les hétérosexuel-le-s), ce qui impliquerait alors un (nouveau) « coming out » et cette fois comme bisexuel-le-s. En effet, certaines personnes rejettent la bisexualité par peur du changement dans leur propre vie car le conformisme d’une vision binaire est plutôt confortable, et évite de s’interroger sur la notion de fluidité sexuelle, sur son attirance éventuelle envers un être de même sexe ou non à telle ou telle période de son existence. A titre d’exemple, les critiques de cinéma ont choisi de présenter les films « Carol » et « La vie d’Adèle » comme des films relatant une « histoire d’amour lesbien », alors que les personnages principaux étaient soit en instance de divorce, soit précédemment en couple avec un partenaire de l’autre sexe (et même pendant leur relation) .
La biphobie envers les femmes bisexuelles soulève une autre forme de « double peine » (CF le premier rapport annuel de SOS Homophobie faisant mention de la biphobie en date de 2013 seulement) – la double discrimination biphobe constatée en amont, provenant des hétérosel-le-s et homosexuel-le-s, s’imbrique par un effet de ruissellement avec l’ensemble des inégalités et violences de la domination masculine – qui elle-même s’additionne aux violences des actes à caractère biphobes ET lesbophobes (quand la bisexualité est niée) notamment dans l’espace public pour ne donner que ce cas de figure. Une femme bisexuelle est ainsi régulièrement perçue comme lesbienne lorsqu’elle manifeste un élan amoureux à sa partenaire en public ou non d’ailleurs, car l’occultation de la bisexualité est presque systématique dans une configuration de même sexe puisque l’éventualité d’être en présence d’une ou de deux bisexuel-le-s ne leur traverse même pas l’esprit – ce qui montre bien que la bisexualité n’est pas un « privilège » et encore moins un « choix » ou un « style de vie » comme certain-e-s personnes osent ouvertement le prétendre en société ou dans les médias. De plus, dans les pays où la Procréation Médicalement Assistée (PMA) et l’adoption ne sont pas autorisées pour les femmes célibataires, cela impacte toutes les femmes (n’étant pas mariées) qu’elles soient hétérosexuelles, bisexuelles ou lesbiennes. Les femmes subissent également une domination masculine de la part d’hommes homosexuels ne se souciant guère de cet esclavage qu’est la Gestation Pour Autrui (GPA) qui consiste à considérer que la marchandisation du corps serait une chose acceptable, exempte de dangers sanitaires et psychologiques pour celles-ci. Il serait alors uniquement question d’une transaction financière en échange d’une banale « prestation de service » (location de 9 mois jour et nuit du corps de la mère biologique) et de la vulgaire « livraison » d’enfant (produit acquis à vie), en omettant le fait que les femmes qui subissent ces violences économiques peuvent aussi en mourir (une grossesse sans risque cela n’existe pas). Par ailleurs, nous remarquons également la volonté de mettre PMA (insémination in vitro) et GPA (achat de bébé et appropriation du corps des femmes) sur un pied d’égalité, cet amalgame profite évidemment aux partisans d’une vision clairement néolibérale et machiste consistant à affirmer que tout s’achète y compris les êtres humains. Il est aisé d’établir un parallèle avec les violences masculines de la prostitution et/ou de la traite d’êtres humains avec la GPA ou la « maternité de substitution ». Sinon, il est important de signaler que d’autres discriminations relatives au handicap, à la couleur de peau ou au milieu social viennent se greffer aux autres violences patriarcales subies par les femmes (sachant que des bébés atteints de trisomies ont déjà été abandonnés par leurs « acheteurs », car jugés comme non conforme à la « commande » d’enfant).
Ainsi, l’Association SOS Homophobie évoque une « double peine » à l’endroit des bisexuel-le-s en termes de discrimination dans un récent rapport (2013), à laquelle il faut ajouter le SEXISME pour les femmes biEs. Auparavant, il n’y avait tout simplement PAS de données statistiques à ce sujet montrant l’ampleur de ce fléau dans notre société et dans les milieux militants. Comme si cela ne suffisait pas, les bisexuel-le-s seraient AUSSI les coupables tout désignés de la propagation du virus VIH au regard de certains propos biphobes ; ce qui pour le coup prouverait que leur existence ne fait nul doute – mais seulement quand il s’agit de griefs ou d’accusations aussi graves. Comme si un conjoint infidèle trompant régulièrement son épouse avec de multiples partenaires n’était par exemple pas une personne ayant une « pratique à risque », et comme si l’homosexualité préservait de l’infidélité. Par ailleurs, des études montrent que la transmission du SIDA est au final beaucoup plus marquante pour les rapports sexuels masculins de même sexe. Cette accusation malhonnête proférée à l’égard des bi-e-s, de propager sciemment la mort est tout simplement inadmissible, infondée et s’apparente à une incitation à la haine. L’actuelle Vice-présidente de SOS Homophobie rappelle que « les bisexuel-le-s sont victimes de clichés dans la communauté LGBT et chez les hétéros. On leur reproche d’avoir de multiples partenaires, d’être ainsi un vecteur de transmission du sida, de ne pas être attaché-e-s à la défense des homosexuel-le-s ». Faut-il rappeler qu’une discrimination fondée sur le simple fait qu’autrui aurait une orientation sexuelle différente est en l’espèce une violation des droits humains et une vision rétrograde du « vivre ensemble » ? Sans oublier le fait que ceci est condamné par la loi.
Il est inévitablement question de rapport de domination pour les personnes ayant de tels propos biphobes qui s’octroient le droit de délivrer des « certificats » de bonne conduite ou de bonne orientation concernant les liens affectifs, émotionnels et/ou rapports sexuels qui existent entre deux personnes ADULTES : encore un cas d’infantilisation où ils/elles cherchent à dicter aux bisexuel-le-s la conduite à adopter via une insupportable ingérence concernant leur vie privée. Pour toutes ces raisons, il semble judicieux de se demander si la bisexualité serait encore aujourd’hui un TABOU dans notre société compte tenu du SILENCE assourdissant qui règne autour d’elle.
(SOS Homophobie)
« Traîtres à la cause homosexuelle » – « Tu es une lesbienne qui ne s’assume pas. »
« Je t’aime trop, je ne veux pas prendre le risque de te partager même si une femme ne m’a jamais autant apporté »
« Elle m’a répondu (…), qu’on ne pouvait pas être attiré par les filles et les garçons, qu’il fallait forcément faire un choix. »
Pour toutes ces raisons, il apparaît comme judicieux de créer une structure féministe destinée à la lutte contre la biphobie, l’invisibilité des femmes bisexuelles qui subissent également les violences du système patriarcat.
Une analyse du militantisme LGBT actuel et des structures vraiment féministes pourrait aider à construire des alliances face aux ravages de la domination masculine (CF 3ème partie).
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