Cette présentation est une forme de suite à un état des lieux déjà effectué en 2007 pour l’EFIGE[1] (http://sisyphe.org/spip.php?article2941) de la situation des droits des femmes face aux revendications croissantes de groupes d’hommes néo-patriarcaux réunis en associations un peu partout dans le monde occidental.

Ce papier part de ce travail, étend l’analyse à la situation actuelle, puis suggère des pistes pour parvenir à apporter une contradiction minimale au discours masculiniste.

 

  1. Origine des groupes associatifs masculinistes

 

La première inspiration de ces groupes masculinistes, c’est le système patriarcal lui-même, c’est-à-dire cette « forme d’organisation sociale et juridique fondée sur la détention de l’autorité par les hommes », pour reprendre la définition du Dictionnaire de l’anthropologie et de l’ethnologie de Pierre Bonte et Michel Izard. Ainsi, le masculinisme, c’est-à-dire la résurgence de revendications patriarcales dans les sociétés occidentales post-industrielles, serait l’expression moderne de la logique patriarcale pure et dure. C’est ici Michèle Le Doeuff qui permet de nommer le problème puisque masculinisme est un terme qu’elle fut la première à utiliser. Elle définit le masculinisme comme ce : « particularisme, qui non seulement n’envisage que l’histoire ou la vie sociale des hommes, mais encore double cette limitation d’une affirmation (il n’y qu’eux qui comptent et leur point de vue) »[2]. En termes plus simples, le masculinisme, c’est le fait de considérer les besoins masculins comme centraux et prépondérants dans la société.

Alors comment expliquer que dans la seconde moitié du XXème siècle et encore aujourd’hui, ce discours néo-patriarcal ait pu se développer au point d’envahir l’espace public, de brouiller le message émancipateur du féminisme et de parvenir à des régressions légales impressionnantes comme nous le verrons plus loin ?

Les avancées féministes expliquent bien entendu pour une bonne part ce discours de réaction : les femmes ayant obtenu, à grand peine, un certain contrôle de leur corps et une certaine autonomie économique, peuvent constituer pour certains hommes, une menace. Mais paradoxalement, c’est aussi une certaine interprétation de la libération sexuelle qui a suscité un type nouveau de masculinité qu’on pourrait qualifier de néo-patriarcal. C’est plus précisément, la libération sexuelle à la sauce playboy si l’on peut dire, qui semble avoir généré un type d’attitude à la fois désinvolte et revendicatif chez une partie des hommes contemporains.

Dans la foulée du féminisme de la deuxième vague, en effet, des groupes masculins ont interrogé les rôles sociaux de genre et remis en cause les diverses injonctions formulées aussi à l’endroit des hommes, en matière de force, de responsabilité et de performance notamment. Certaines de ces initiatives, toutefois, ont dérivé vers un discours hédoniste que l’exemple de Hugh Hefner, propriétaire du magazine Playboy, illustre assez bien : Hefner prônait en effet pour les hommes un style de vie décomplexé, profitant à plein de la libération sexuelle et de l’amour libre. Il engageait les hommes à laisser libre cours à leurs pulsions, sans avoir jamais à en répondre et prônait bien entendu la consommation de pornographie et de prostituées ; consommation revendiquée comme un « droit ». Ce discours hédoniste et déresponsabilisant présentait la famille et les responsabilités qu’elle emporte comme une contrainte insupportable ainsi que le souligne cet excellent article de la chercheuse Heather Brunskell-Evans : https://ressourcesprostitution.wordpress.com/2017/12/30/le-feminisme-selon-playboy/).

Entre le fond culturel puissamment patriarcal de sociétés occidentales non encore débarrassées du poids des traditions, et ce discours incitant les hommes à se comporter comme des consommateurs, le terrain était prêt. Ces hommes néo-patriarcaux devenus pères, confrontés à la séparation et au divorce, ont eu tendance, d’abord en Amérique du Nord, puis en Europe, à se fédérer autour des questions relatives aux enfants. C’est la raison pour laquelle le discours masculiniste se retrouve beaucoup chez les groupes de pères divorcés.

 

  1. Paternité et divorce : développement et succès de ces groupes à compter des années 70-80, en réaction à la seconde vague du féminisme et autour de la thématique de la paternité dans un contexte de séparation

 

Dans les années 1950, lorsque le divorce est devenu de plus en plus courant, aux Etats-Unis, des hommes en situation de séparation ou de divorce se sont trouvés dans l’obligation de payer aux femmes une prestation compensatoire lorsqu’elles ne travaillaient pas et une part contributive à l’éducation des enfants. La contestation des arrangements financiers post-divorce fut la première source de mobilisation de certains hommes divorcés comme le note la chercheuse Barbara Ehrenreich dans The Hearts of Men : American Dreams and the Flight from Commitment (1983). La revendication consistait alors surtout à refuser de payer pour femmes et enfants après la séparation : « Why should a man give his ex-wife alimony and child-support when she is just as capable »[3].

Cet angle d’attaque n’étant pas des plus sympathiques, la rhétorique de ces pères séparés ou divorcés a peu à peu dévié vers la thématique de la souffrance. Il n’était plus question seulement d’argent mais de douleur d’être quitté, de chagrin de ne plus voir suffisamment leurs enfants, selon eux indûment laissés au soin exclusif de leurs mères[4]. Susan Faludi , dans son livre « Backlash, la guerre froide contre les femmes » montre combien le film Kramer contre Kramer, par exemple, est emblématique du discours qui a alors commencé à se développer autour des questions de garde d’enfant[5].  Plus récemment, on pourrait citer le très populaire Madame Doubtfire qui, mêlant humour et pathos, conduit le spectateur à plaindre de tout son cœur un père adorable, victime d’un divorce demandé par son épouse cassante et incompréhensive, injustement privé de l’affection de ses enfants au profit d’un autre homme. Cela peut en effet se produire mais est très loin de refléter la multitude des situations, parfois gravissimes, qui entourent un divorce. Or c’est le nœud du problème et le truchement par lequel le discours masculiniste s’insinue dans l’air du temps. Si, en effet des hommes et des femmes au comportement adéquat se séparent, il est normal que les enfants, dans le respect, toutefois, de la quiétude qui doit caractériser leur vie, surtout s’ils sont jeunes, aient accès à leurs deux parents sans difficulté.

Mais, généraliser les dispositions post-divorce à partir de cette norme est simpliste et dangereux : une très grande quantité de séparations et de divorces surviennent dans un contexte de violence domestique qui rendent inapplicables voire délétères les dispositions légales post-divorce standard[6].

C’est dans cette faille que s’engouffrent les masculinistes afin de maintenir une relation de domination sur leurs ex-conjointes.

Jusqua-la-garde

 

  1. Dérives : des associations de pères divorcés au discours de Réaction

 

Les groupes d’hommes séparés masculinistes sont désormais présents dans pratiquement tous les pays du monde post-industriel occidental. En France, leur apparition remonte aux années 70-80, avec un succès net à compter des années 90 lorsque l’association SOS Papa s’est constituée. Leurs discours sont très souvent comparables, leurs revendications aussi. Pour la France, on compte à présent des dizaines d’associations de défense des pères divorcés ou séparés. La plus célèbre est SOS Papa. Ailleurs se sont formés des groupes plus ou moins originaux, plus ou moins provocateurs. Le groupe Fathers 4 Justice en Grande-Bretagne est spécialiste des coups d’éclat d’assez mauvais goût : des messieurs déguisés en batman ou en spiderman se promènent devant des monuments historiques ou sur des grues pour crier leur douleur tandis que leurs camarades aspergent de poudre violette (en référence à l’une des couleurs choisies par les suffragettes lorsqu’elles menaient combat pour obtenir le droit de vote) des députés à la Chambre des Communes.

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Or, et c’est ce qui permet de démasquer les véritables intentions de ces groupes, on note dans leur discours, outre une demande d’accès aux enfants de plus en plus impérieuse, quitte à les déstabiliser, et le refus de paiement de la part contributive (annulée en cas de résidence alternée), une négation obstinée de la réalité des violences domestiques.

Par exemple, le site internet du Mouvement de la Condition Paternelle, organisation de pères divorcés, ose titrer l’un de ses articles : « Les violences conjugales : une réalité largement maquillée » (http://www.conditionpaternelle.com/CondPat/Violence.html) et remet effectivement en question le discours de dénonciation des violences domestiques, estimant qu’il consiste à « manipuler » l’opinion. Il faut rappeler ici que les quelques enquêtes de terrain effectuées sur les violences domestiques ne sont pas le fait de militantes mais de professionnels et qu’elles ont été financées par l’Etat[7].

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La négation de la réalité des violences domestiques conduit ces groupes masculinistes à inverser les faits : certains prétendent en effet, en dépit des études menées sur le terrain, que les hommes battus seraient plus nombreux que les femmes. En janvier 2003, l’association SOS PAPA parvenait à intervenir dans une émission d’Yves Calvi, C’est dans l’air, sur la 5, consacrée à la violence conjugale et présentait quelques messieurs prétendument victimes de « coups de griffes » alors que des militantes du réseau Solidarité Femmes étaient venues parler de meurtres de femmes.

Le refus de reconnaître la réalité des violences privées commises contre des femmes, des jeunes filles, des petites filles est par ailleurs puissamment appuyé et relayé par le discours tenu par certains psychologues, psychiatres, qui deviennent des relais de ce ressac patriarcal et ne sont jamais à court d’imagination pour inventer de nouveaux concepts qu’ils présentent comme des « outils » permettant selon eux de distinguer les plaintes fondées des mensonges.

Richard Gardner est l’inventeur d’un concept parfaitement irrecevable tant sur le plan scientifique que juridique (le SAP) qui, par sa méthode de diagnostic plus que contestable, conduit en réalité à invalider toute plainte pour inceste ou violences intra-familiales formulée par des enfants. Suicidé de plusieurs coups de couteau dans le ventre en 2003, Gardner continue pourtant à faire des ravages : son discours est largement repris et diffusé par des psychologues ou psychiatres tels que Ralph Underwager aux Etats-Unis, Hubert Van Gijseghem au Canada ou encore Paul Ben Sussan en France[8].

On ajoutera que les interventions intempestives de Marcela Iacub et d’Hervé Le Bras, au sujet de l’enquête ENVEFF en 2003, ainsi que le livre d’Elisabeth Badinter Fausse route la même année, ont servi de caution morale et de soutien symbolique au discours masculiniste. Je reviendrai sur ce point dans la partie 6.

  1. Modes d’actions de ces groupes

Les groupes masculinistes d’hommes séparés et divorcés sont fortement présents sur internet. Ils sont reliés les uns aux autres par ce mode de communication. Par exemple, sur Facebook, on trouve plus d’une trentaine de pages rattachées au mot clé « sos papa ». Cela leur permet d’échanger des idées et de se développer plus rapidement. Le réseautage international leur permet de se souffler des méthodes d’action et de généraliser certaines pratiques. A ce réseautage s’ajoute un lobbying redoutable consistant à multiplier les antennes associatives locales, à harceler les députés de visites, courriers et courriels, à conquérir des hommes et des femmes politiques.

En 2001 en France, préalablement au vote de la loi de mars 2002 relative à l’autorité parentale, qui a instauré la possibilité d’imposer un mode de résidence alternée à des parents et enfants qui n’en voulaient pas, le gouvernement de gauche plurielle de Lionel Jospin, et notamment le ministère de la famille de Ségolène Royal, ont été approchés par des associations militantes comme le montrent d’ailleurs les travaux des commissions parlementaires qui ont travaillé sur cette proposition de loi (https://www.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes-2002-2-page-31.htm).

Plus récemment ce lobbying a conduit à des tentatives, heureusement avortées, de rendre la résidence alternée automatique. Voir : http://osezlefeminisme.fr/mobilisation-garde-alternee-automatique-danger-ecrivez-aux-depute-e-s/ 
et
https://www.huffingtonpost.fr/patric-jean/l-histoire-inavouable-de-la-loi-sur-la-residence-alternee-systematique_a_23286461/?fbclid=IwAR0Jtb8m_Sv9N0ygcE4KszFPAfZM_Am_z44bpaA4R85igo-efayMkgNHiGU

Car le discours pro-pères, au programme pourtant manifestement néo-patriarcal, se normalise et envahit de plus en plus de structures. De très nombreuses instances para-judiciaires ont en effet été investies depuis très longtemps par des groupes de pères ou des associations proches d’eux ou, plus simplement encore, sensibles à leur discours. Les lieux de rencontre « parents-enfants » dits « neutres » sont, par exemple, fréquemment acquis à la cause des droits-intangibles-des-pères-quoi-qu’ils-aient-fait. Ils participent ainsi activement au processus de revendication de « droits » pour les pères. Fortement liés à des associations militantes, ils sont également en partie responsables du processus de décrédibilisation de la parole des femmes victimes de violences domestiques puisqu’à leurs yeux, même les hommes violents doivent pouvoir bénéficier de droits parentaux intacts. Les lieux de médiation familiale participent eux aussi à ce processus de négation des violences domestiques puisque l’idée-maîtresse de la médiation familiale est qu’il faut absolument bannir tout ce qui pourrait alimenter le « conflit ». Une femme victime de violences, qui se plaint, devient donc systématiquement, aux yeux des médiateurs, une personne « conflictuelle », donc gênante et ennuyeuse. (Voir http://fede.qc.ca/actualites/mediation-familiale-met-femmes-victimes-violence-conjugale-en-danger).

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En matière d’actions, nous l’avons vu, les groupes de pères divorcés sont amateurs de campagnes énergiques : en Grande-Bretagne, Fathers for Justice organise des actions en costumes de super-héros. En France nous avons eu droit aux papas perchés sur des grues. Or en creusant dans le passé de ces papas privés de leurs enfants, on s’aperçoit, comme le souligne un article paru dans le Nouvel Observateur en mars 2014, que certains d’entre eux ne sont pas aussi limpides qu’ils aimeraient le faire croire :

« Comme beaucoup de ces « pères perchés » qui, depuis plus d’un an, se sont illustrés dans différentes villes de France et fédérés au sein du « Collectif de la grue jaune », Charnay n’est pas le gentil papa victime d’injustice qu’il prétend être. C’est d’abord un masculiniste militant, violent et enfermé dans un imaginaire férocement misogyne. Et parmi la poignée d’activistes gesticulant, il ne fait pas figure d’exception. Hormis les coups d’éclat médiatiques et l’intense lobbying politique, de nombreux militants de la cause des pères sont connus pour leurs pratiques de harcèlement à l’encontre de leurs ex-compagnes : tentatives d’intrusion à leur domicile, diffusion de rumeurs ou divulgation d’informations privées sur les réseaux sociaux, ce qui a pour effet de terroriser les mères et leurs enfants. Toxiques pour leur propres enfants, certains de ces pères ont été déchus de leur autorité parentale, chose rare mais justifiée par leurs comportements. Et à l’instar de Serge Charnay, d’autres sont passés par la case prison pour de bien peu glorieux faits d’armes. À Grenoble, par exemple, René Forney, président de l’association Père-Enfant-Mère a été condamné à deux reprises pour injure à magistrat. Son ami Youcef Ouateli, le trésorier de l’association, déjà condamné pour violences conjugales, ajoutait récemment de nouvelles lignes à son casier judiciaire pour des faits de violences contre un syndicaliste, le 1er mai 2013, puis contre des policiers à l’occasion d’un contrôle au pied de la cheminée sur laquelle était perché René Forney. Évitons donc de nous laisser attendrir par la « cause des papas ». Essayons plutôt de comprendre ce qui se cache derrière et appelons un chat un chat. Avec Serge et sa bande de pères perchés, on a affaire à des masculinistes convaincus et organisés. » (http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1163510-serge-charnay-de-la-grue-a-la-prison-parcours-d-un-masculiniste-enrage-parmi-d-autres.html).

Comme le montre l’article tiré du Nouvel Observateur, la violence (passé de violence et/ou actions violentes) de ces groupes de pères est sans doute l’aspect de leur stratégie qui permet le mieux de les situer. En 2006, le groupe Fathers 4 Justice avait programmé l’enlèvement, heureusement déjoué à temps, de Leo Blair, fils benjamin du Premier Ministre de l’époque (https://www.dailymail.co.uk/news/article-374397/Militant-fathers-plot-kidnap-Leo-Blair.html ).

En France, au milieu des années 2000, un militant de Sos Papa a planifié le meurtre de son ex-compagne. Il a écopé de six ans de prison ferme en 2009 : https://www.ladepeche.fr/article/2009/04/01/585759-6-ans-ferme-pere-famille-ayant-projete-mort-ex-compagne.html.

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Ces actes, loin d’être des faits exceptionnels, s’inscrivent en réalité dans un continuum de violences de la part de ces groupes masculinistes à l’égard des femmes, qu’il s’agisse d’ex-compagnes ou de militantes féministes, qui va de l’injure verbale et de la calomnie à l’agression physique[9].

 

  1. Conséquence quasi immédiate de ces actions et du discours qu’elles banalisent  : modifications légales rapides et en corollaire régression des droits des femmes et des droits des enfants

 

Les réformes du Code civil votées en moins de deux décennies en France (1987-2002) vont dans le sens souhaité par les groupes de pères. En 1987 est en effet instaurée la notion d’autorité parentale conjointe, en 2002 celle de résidence alternée des enfants, insidieusement et hypocritement étiquetée « résidence paritaire » tant par les groupes de pères que les partis politiques qui les ont soutenus (le PS en 2001-2002).

Or, comme je l’ai déjà indiqué plus haut, si ce principe de co-parentalité ne pose pas de problème dans les cas de divorces et séparations consensuels, et, si la résidence alternée peut, dans certaines circonstances, c’est-à-dire à la condition expresse que les enfants n’aient absolument pas à pâtir de nomadisation, s’appliquer de manière harmonieuse, ces deux principes ne sauraient devenir la norme sans conséquences dramatiques dans les cas, nombreux, de séparations/divorces pour motif de violences domestiques (voir note 7).
En réalité, avoir voulu généraliser des arrangements privés pouvant fonctionner, sur validation d’un juge, dans des familles ayant fait ce choix, relève au mieux de l’inconséquence politique. Peut-être d’un certain clientélisme… 

Sachant quelles pressions les groupes masculinistes de pères divorcés ont exercées et exercent encore sur le Parlement pour obtenir ces réformes[10], on ne peut que s’interroger sur la finalité de ces réformes du Code Civil :

recherche d’égalité comme le prétend l’alléchant discours développé pour promouvoir ces réformes ?

Ou maintien du contrôle sur l’ex-conjointe et les enfants ?

 

 

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D’ailleurs, et cela n’est certainement pas un hasard, la loi relative à l’autorité parentale votée fin février 2002, à la hâte par une assemblée nationale pressée de fermer sa session avant les élections législatives, qui instaure le régime de la résidence alternée autoritaire, puisque le Juge aux Affaires Familiales peut l’imposer, rend difficile tout éloignement géographique du lieu de résidence habituelle des enfants… Autrement dit, une femme devant quitter sa région pour des raisons professionnelles ou de sécurité personnelle, en cas de violences par exemple, devra renoncer à ses enfants.

Le législateur a donc condamné de fait les femmes qui se séparent, d’une part à renoncer à toute mutation/promotion professionnelle ou simplement offre d’emploi ailleurs que dans le lieu de résidence de l’enfant, et d’autre part à rester à la merci d’un conjoint violent.

D’ailleurs, l’affaire, jugée à l’été 2007, impliquant une mère victime de violences domestiques et l’association dunkerquoise SEDIRE, membre du réseau national Solidarité Femmes, est emblématique des risques que le législateur fait délibérément courir aux femmes victimes de violences en inscrivant dans la loi un principe d’ « égalité » qui fait fi de la réalité du terrain : « Prison avec sursis pour une mère battue hébergée avec ses enfants par une association » titrait en effet  Le Monde après le verdict du tribunal correctionnel de Dunkerque rendu le 26 juillet 2007. Une femme, victime de violences domestiques, s’était réfugiée dans un hébergement d’urgence (réservé aux cas de violences graves) auprès de l’association SEDIRE avec ses enfants, à l’insu de son mari. Celui-ci a déposé plainte pour non-représentation d’enfants. Sa victime a été condamnée à trois mois de prison avec sursis, à 800 euros de dommages et intérêts au profit de son époux, ainsi qu’à 1000 euros, toujours au profit de son époux, au titre du remboursement des frais de procédure (article 475-1) : https://cfcv.asso.fr/de-la-prison-pour-la-femme-battue/.

Au fond, l’ensemble de ces entraves à la mobilité et à la sécurité revient à rendre le divorce impossible, ou si coûteux pour les femmes, tant en terme de carrière que de sécurité et de tranquillité d’esprit, qu’elles préfèreront y renoncer.

Il est utile de se demander si ce n’est pas précisément ce que cherchent les associations masculinistes, et au-delà d’elles, l’ensemble de la société, encore profondément marquée par le patriarcat.

Le but ultime de ces groupes masculinistes est de récupérer le contrôle des femmes et notamment celui de leur corps : un entretien de la journaliste Myriam Tonelotto avec le militant masculiniste Gilbert Claes (président de l’association québécoise l’Après-Rupture) dans le cadre du documentaire In Nomine Patris, diffusé sur Arte en mars 2005, démontrait que tel est bien l’un des objectifs de ces groupes militants : avoir son mot à dire pour ou contre une grossesse, pour ou contre la contraception. Bref : restaurer l’ordre patriarcal (https://www.revue-glad.org/1005 et

).

 

  1. Circonstances aggravantes : banalisation et normalisation du discours masculiniste par son retentissement très au-delà de la sphère d’influence de ces associations et par le cautionnement d’intellectuels

 

La situation est encore aggravée par la banalisation du discours masculiniste. La rhétorique des groupes d’hommes et de pères occupe le devant de la scène médiatique depuis de très nombreuses années. L’apitoiement sur la condition paternelle/masculine est devenu un thème classique de la presse et dans de nombreux medias, au cinéma, dans la chanson[11], chez de nombreux auteurs, sociologues, philosophes, on retrouve ce même attendrissement sur le sort des hommes et plus particulièrement des pères, et, plus particulièrement encore, des pères divorcés. Par exemple, en 2003, pour le 8 mars, Elle consacrait un dossier au malaise masculin.[12]

Cette antienne est reprise chez des sociologues, des psychologues, des psychanalystes.. Certains, comme Geneviève Delaisi de Parceval et Christine Castelain-Meunier, toutes deux auteures de livres consacrés à la paternité (La part du père, Delaisi de Parceval, 1981 et Cramponnez-vous les pères, Castelain-Meunier, 1992), ont longtemps fait partie du comité d’honneur de l’association SOS Papa…

Chez les philosophes, la même tendance se dessine : Elisabeth Badinter s’intéresse depuis longtemps aux hommes, qu’elle qualifie de « sexe faible » dans XY et qu’elle décrit comme victimes des « féministes » dans Fausse route, une diatribe aussi peu constructive qu’extrêmement dommageable pour l’ensemble d’un mouvement complexe auquel pourtant elle s’identifie.

Ce contexte d’apitoiement généralisé est sans doute sincère. Il se trompe cependant sur le véritable objectif du programme masculiniste : opposé à l’émancipation des femmes et aux droits chèrement acquis, ce mouvement, résurrection d’un patriarcat jamais vraiment vaincu, révèle son véritable pouvoir de nuisance lorsque des intellectuels en viennent à attaquer, sans aucune précaution oratoire, au moyen de généralisations auxquelles ils n’oseraient pas recourir concernant un autre sujet, l’entièreté de la mouvance féministe.

Robert Redeker, philosophe, a ainsi signé en 2014 un essai, intitulé Le Soldat impossible, dont un chapitre est consacré au « féminisme, la guerre des sexes et la naissance de l’indifférent ». Robert Redeker, pourtant rompu à l’analyse conceptuelle, feint ici de ne pas comprendre quel est l’objet « du » féminisme, vocable qu’il faudrait en réalité employer au pluriel :

« Sous le nom de féminisme, évidemment, se cache un épisode de la guerre qui bat son plein depuis les aurores de l’humanité, que rien d’autre que l’extermination de l’un des deux combattants ne pourra éteindre, la guerre des sexes. (…)
La tendance actuelle, ce véritable air du temps auquel le féminisme apporte sa contribution : nier la différence. Toute l’affaire tient en quelques mots : nier la différence des sexes, pour lui substituer la différence des genres, qui est une des formes de l’indifférence ontologique, tout comme on nie la différence des races et la différence des classes. En ces matières, tout ce qui a droit à la parole dans nos sociétés, conspire à nier la réalité de la différence. Le concept d’égalité, ce mot fétiche de notre temps, est l’opérateur de cette négation. (…) Nier l’existence des classes, des races et des sexes, autrement dit d’entités se constituant par le conflit, la guerre, appartient au sourd désir qui hante l’Europe, de sortir de l’Histoire.
Le couple formé du soldat et de la femme semblait indestructible. (…) Le soldat et la femme sont comme le revers et l’avers de la même médaille, ou le tête-bêche de la même carte à jouer. (…) Or, ce couple immémorial de la femme et du soldat est aujourd’hui détruit.  Il a été brisé par le féminisme, il a été dissout par le changement de sens du règne de la femme dont il était pourtant une guise. »

Est-il vraiment besoin de rappeler que le féminisme ne nie aucunement les différences entre hommes et femmes, ni même entre hommes et entre femmes ? Le féminisme refuse simplement que ces différences soient un prétexte pour instaurer une hiérarchie et des rapports de pouvoir.

Il faut aussi citer ici les errances verbales d’autres figures publiques, comme le politologue Laurent Bouvet, qui, poussé dans ses retranchements se laisse aller sur les réseaux socio-numériques à des généralisations sur « les » féministes qui ne manquent pas de sel…Voici par exemple ce que pense Monsieur Bouvet du principe de parité dont il se moque ouvertement, en suggérant au passage que les femmes, ça « hurle » :

 

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Le même politologue se permet ensuite des invectives qu’il n’oserait certainement jamais employer avec des contradicteurs de sexe masculin :

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La stigmatisation de l’intégralité du mouvement féministe (sans le définir, sans identifier de figures, sans nuances) n’est jamais très loin. Le féminisme, affirme Bouvet, qui n’y comprend goutte, ce sont des « connes » « groupusculaires » :

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Railler le travail théorique et de terrain des militantes féministes est un autre grand classique du masculinisme mainstream[13] : on rappelait plus haut à quelles accusations de la part de Iacub et Le Bras l’enquête ENVEFF avait dû répondre. On notera ici que l’ex-socialiste Céline Pina, ne craignant pas d’exposer son ignorance (et sa vulgarité..) publiquement, se gausse du terme « masculiniste » pourtant validé par un nombre non-négligeable de chercheurs:

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 Chahutées, moquées, raillées, toutes les féministes et, au-delà d’elles, l’ensemble des femmes, sont discréditées par cette mouvance masculiniste et anti-féministe dont les échos résonnent, comme nous l’avons vu, très au-delà de la sphère associative des groupes de pères divorcés. Une des conséquences, gravissime, de cette véritable campagne de dénigrement est que la parole des femmes est toujours aussi peu entendue et encore moins crue. Les clichés les plus éculés sur les femmes persistent à circuler, même devant l’évidence. Une femme ou une très jeune fille, voire une enfant, victimes de viols, sont nécessairement des « nymphomanes »[14] qui « roulent les gens dans la farine ». François Burgat, professeur émérite à l’Université d’Aix-Marseille, prend ainsi la défense de son ami Tariq Ramadan. Des SMS produits par les plaignantes démontrent que l’islamologue a bel et bien eu, contrairement à ce qu’il prétendait, des relations avec ces dernières. Burgat estime, lui, que ces SMS, loin de montrer que Monsieur Ramadan a menti, viennent au contraire l’innocenter car ils prouveraient que les relations étaient consenties. Donc qu’il n’y aurait pas eu viol. Or des viols peuvent survenir dans le cadre de relations consenties… Un raisonnement pourtant évident qui n’effleure pas François Burgat, qui préfère traiter ces femmes de menteuses. Un cliché si ancien qu’il en passerait presque inaperçu…

 

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  1. Haine des femmes : le meurtre de masse comme expression ultime de la misogynie, de l’attaque de polytechnique de Montréal aux incels

 

Une telle campagne de haine conduit certains au passage à l’acte. C’est ainsi qu’il faut comprendre le geste de Marc Lépine en décembre 1989 à Montréal. Une lettre a été retrouvée sur l’assaillant, qui a abattu 14 personnes avant de se suicider : cette lettre (https://archive.is/CXRcm#selection-97.858-100.0-) démontre que l’homme visait des femmes et plus particulièrement des féministes, dont il énumère 19 noms en précisant qu’elles ont « toutes failli disparaître aujourd’hui »

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On retrouve cette hargne meurtrière chez les Incels, Involuntary Celibates, dont un membre, Alek Minassian, a perpétré une attaque à la voiture-bélier en avril 2018 à Toronto. Alek Minassian, avant de passer à l’acte s’est réclamé d’Elliot Rodger, qui a assassiné six personnes à Isla Vista en 2014 en motivant son geste par sa haine des femmes.

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Les Incels sont un groupe d’activistes qui se comptent par dizaines de milliers et qui communiquent notamment par Internet. Hommes hétérosexuels jeunes, ils tiennent les femmes modernes, et plus précisément les féministes, à l’origine de leur émancipation, pour responsables d’un célibat qu’ils disent subir. Le site Incels.me, aujourd’hui fermé, était interdit aux femmes et rassemblait plusieurs milliers de membres. La « méthode » d’intimidation, suggérée dans cette capture d’écran, destinée à « forcer » une femme à accepter la cour d’un homme et à se rendre aux rendez-vous qu’il lui fixe est particulièrement terrifiante :

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Conclusion : Comment réagir ? Rappel des faits, activisme et alliances avec des hommes pro-féministes ?

 

Les enquêtes françaises ENVEFF (1999) et HENRION (2000), ainsi que médiatisation de la cause des femmes victimes de violences domestiques ont permis de lever un coin du voile sur cette terrifiante et si banale réalité. Très récemment l’affaire Sauvage et son issue extrême, avec le meurtre du mari violent, a permis de libérer la parole sur ce sujet et d’en faire un débat de société. Nombreux ont été ceux, toutefois, à s’insurger contre la grâce obtenue par cette femme pourtant victime de coups sur plusieurs décennies et mère d’enfants martyrisés par son mari violent..

La rareté et la portée limitée des enquêtes de terrain ne permettent toujours pas, en France, à des professionnels de justice de mesurer les risques que comportent les dispositions post-divorce et post-séparation actuelles : il paraît donc nécessaire de continuer à enquêter afin de faire toute la lumière sur les violences domestiques, leur étendue et le rôle qu’elles jouent dans les séparations et les divorces.

Tout récemment, les campagnes de sensibilisation et de dénonciation du type #Metoo ou #Balancetonporc[15] ont montré combien la prise de parole est complexe et fragile pour les femmes dans une société qui a tendance à considérer par principe qu’elles mentent ou que les viols surviennent parce que ces dernières l’ont « bien cherché ».

Un clip diffusé en 2014 par le gouvernement de Viktor Orban en Hongrie rendait les femmes responsables des viols subis lors de soirées dansantes et arrosées. (Voir https://www.youtube.com/watch?v=8vPqqX64U9I et la capture d’écran ci-dessous)

 

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Le président nouvellement élu du Brésil, ainsi que l’actuel président américain, confirment, par leur machisme outrancier, que le masculinisme et les régimes autoritaires font excellent ménage : lutter contre le masculinisme signifie donc aussi se positionner sur l’échiquier politique contre la résurgence de l’extrême-droite. Même si le masculinisme de gauche existe aussi (https://refractions.plusloin.org/IMG/pdf/2412_1_.pdf).

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Faire participer des hommes aux actions féministes peut également être une piste. Mais pas à n’importe quel prix. Il existe des groupes courageusement pro-féministes depuis longtemps : en 1978 était par exemple fondé le California Men’s Gathering, qui organise deux fois par an des réunions de réflexion et offrent aux femmes qui souhaitent y assister un environnement accueillant et sécurisant. (cf Adair, Margo et Hagan Kay, Women respond to the men’s mouvement : a feminist collection, 1992, p. 64).

Aux Etats-Unis existe également l’organisation NOMAS (National Organization for Men against Sexism). Des hommes célèbres prennent parti pour les femmes, notamment dans le cadre de la campagne #Metoo. Robert Redford a, en janvier 2018, apporté son soutien au mouvement à l’occasion du festival de la Sundance qu’il anime. Il a déclaré que le mouvement #Metoo était un tournant à Hollywood :

« C’est en quelque sorte un tournant parce que cela bouleverse l’ordre des choses, donc les femmes vont avoir une place plus importante », a-t-il lancé. « De mon point de vue, le changement est inévitable et il va arriver. Je suis assez optimiste », a poursuivi la star.

Et d’ajouter : « Harvey Weinstein était un moment, une époque. Et je pense que nous allons dépasser cela. Et les hommes comme lui, ceux qui se comportent de la même manière, je pense que l’on va aussi dépasser cela. »

Pour le fondateur du festival Sundance, qui court jusqu’au 28 janvier, « Le rôle des hommes, désormais, est d’écouter les femmes, de les laisser se faire entendre et (…) peut-être d’en discuter entre eux. » (https://www.huffingtonpost.fr/2018/01/18/en-ouverture-du-festival-sundance-robert-redford-se-felicite-que-metoo-marque-un-tournant-a-hollywood_a_23337509/).

Il faut toutefois préciser que le soutien masculin au féminisme n’est pas chose aisée et qu’il est sans doute plus facile et tentant pour un homme aujourd’hui d’être masculiniste que d’être pro-féministe. Le pro-féminisme ne saurait se satisfaire de simples « bonnes volontés » : il requiert un minimum de connaissances des théories féministes, des ressorts du patriarcat et de la manière dont il se perpétue, parfois avec la collaboration de femmes, qu’il faut cependant se garder de blâmer…

 

Article tiré d’une communication donnée à Lyon pour l’association Regards de Femmes.

 

Pour Léo (15.12.1970-12.11.2007), pro-féministe sincère.
Hélène Palma, novembre 2018.

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[1] Espace Femmes International de Genève.

[2] Le Doeuff, Michèle, L’étude et le rouet, Paris : le Seuil, 1989, volume 1, 15.

 

[3] Barbara Ehrenreich The Hearts of Men : American Dreams and the Flight from Commitment (1983).

[4] On rappellera ici qu’au XIXeme siècle, les arrangements post-séparation et post-divorce confiaient la garde des enfants aux pères, qui étaient dotés de la « puissance paternelle » quand les femmes n’étaient encore que des « mineures ».

[5] Susan Faludi, Backlash, Paris : Des femmes, 1993, 294.

[6] L’ignorance des professionnels de la justice familiale sur ce sujet est abyssale. Nombre d’avocats et une quantité encore plus inquiétante de magistrats, ignorent tout simplement la terrible fréquence des violences masculines domestiques et combien elles sont liées aux demandes de séparation et de divorce. En France, l’enquête ENVEFF et le rapport Henrion ont contribué, très tardivement, à mettre en lumière ces réalités. La France ne dispose toutefois pas de statistiques sur la quantité de divorces dus à des violences domestiques. Des études étrangères donnent néanmoins une idée précise du fléau : voir les articles suivants, http://www.rbg.ul.schule-bw.de/Europaprojekt/violence-Dateien/violence-domestique.htm et https://www.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes-2002-2-page-31.htm.

[7] Avec les conclusions suivantes, qui doivent au minimum inciter à la prudence en matière d’attribution automatique de droits parentaux : l’Enquête nationale sur les violences envers les femmes (ENVEFF) a révélé en décembre 2000 que « une femme sur dix qui vit en couple en France avait été victime de violences au cours de l’année écoulée ». Des données étrangères indiquent que ce sont précisément ces violences – et celles infligées aux enfants – qui amènent les femmes, dans quelque 50 % des cas, à demander le divorce (McKie et al., 1983 ; Gill, 1986 ; Kingston-Reichers, 1998). Le rapport Henrion (2001), quant à lui, établit clairement un lien entre la violence d’un homme à l’égard de sa conjointe et le danger qu’il représente pour ses enfants : « La violence dont l’enfant est témoin a les mêmes effets sur lui que s’il en était victime. […] 68 % des enfants avaient été témoins de scènes de violences. […] Le risque pour les enfants de mères violentées d’être eux-mêmes victimes serait de 6 à 15 fois plus élevé ».

[8] https://www.feministes-radicales.org/wp-content/uploads/2012/06/H%C3%A9l%C3%A8ne-PALMA-L%C3%A9o-THIERS-VIDAL-Violences-intrafamiliales-sur-enfants-Copie.pdf

[9] http://sisyphe.org/spip.php?article329, http://cahiers_du_genre.pouchet.cnrs.fr/pdf/IntroCdG52_2012.pdf, https://rebellyon.info/Nuit-Debout-Lyon-16155.

[10] Voir : https://www.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes-2002-2-page-31.htm, et https://www.huffingtonpost.fr/patric-jean/l-histoire-inavouable-de-la-loi-sur-la-residence-alternee-systematique_a_23286461/et https://blogs.mediapart.fr/patricjean/blog/151117/une-nouvelle-loi-dictee-par-les-masculinistes-la-residence-alternee.

[11] « Les juges et les lois/Ça m’fait pas peur/C’est mon fils ma bataille/Fallait pas qu’elle s’en aille/Je vais tout casser/Si vous touchez/Au fruit de mes entrailles/Fallait pas qu’elle s’en aille ». (Mon fils, ma bataille, Daniel Balavoine, 1980).

[12] « Hommes au bord de la crise de nerfs » : « Elles sont passées d’un statut de servantes soumises à un modèle d’égoïsme, de carriérisme et de rivalité. Enterrée la domination de l’homme (maître, souverain, géniteur, banquier), place à des femmes de plus en plus exigeantes, complexes et paradoxales ! » Olivier regarde l’indépendance sexuelle et économique des femmes comme une « violence ». « Je suis l’héritier de cette violence », ajoute-t-il. « Au nom de l’égalité des sexes, nous avons été déclarés coupables de toutes les fautes passées et dépossédés de tout. On nous a forcés à réprimer notre virilité en nous inhibant et en nous culpabilisant. On est coupables pour tous les errements des autres hommes, coupables de désir, de lâcheté, de machisme, de tout… » (Elle, n° 2984, 8 mars 2003, p. 84).

[13] C’est-à-dire le masculinisme grand public, pratiqué par des gens qui en ignorent l’existence, comme Monsieur Jourdain la prose.

[14] Allusion à une affaire scandaleuse dans laquelle sont impliqués plusieurs pompiers, suspectés d’avoir violé une fillette entre ses 13 et 15 ans. La presse a largement relayé le discours de la défense, consistant à qualifier cette mineure de « nymphomane ». https://www.rtl.fr/girls/identites/elle-accuse-les-pompiers-de-viols-la-justice-veut-requalifier-l-affaire-en-atteinte-sexuelle-7795443759 et http://dondevamos.canalblog.com/archives/2018/10/29/36821560.html?fbclid=IwAR0twaJBL9CE86HW5Eg6jkx2PMBixORD3mNu6CpBvmsAa1nNlU2-vY9pEow . Notons que la victime a été expertisée par… Paul Ben Sussan….

[15] Campagne qui ne consiste pas à déclarer que tous les hommes sont des porcs (l’emploi du singulier aurait dû pourtant éviter que d’aucuns fassent la confusion) mais qu’il y en a parmi eux qui, en effet, se comportent mal…