INTERVIEW DE STEPHANIE GUILLOUX
Par Francine Sporenda
Stéphanie Guilloux est chef d’entreprise dans le domaine médical. Elle a dû s’exiler en Irlande, hors espace Schengen, avec ses enfants mineurs pour échapper aux décisions de la justice française qui voulait placer ses enfants en foyer sur la demande du père. Son livre « Le cri d’une mère » raconte son combat contre la justice pour protéger ses enfants.
FS : La justice française a été jusqu’à faire mettre vos enfants en foyer et à vous mettre en prison pour non-présentation d’enfants face à un père harceleur, violent et alcoolique qui vous insultait en plein tribunal—sans que cela fasse sourciller la juge. Cette justice a ignoré les enquêtes sociales, les témoignages et certificats médicaux et s’en est tenue obstinément à son principe de respecter à tout prix les droits du père. Vous avez dû fuir en Irlande après des années de procédures usantes. Selon vous, les mères qui se trouvent engagées dans un conflit de garde doivent-elles « faire confiance à la jutice », et pourquoi ?
SG : C’est une sacrée question. Mon point de vue personnel, c’est que j’ai eu une très mauvaise expérience avec la justice—avec des fautes au niveau législatif même, puisqu’ils ne respectent même pas leurs propres lois. Je travaille dans le milieu médical et j’entre en contact avec pas mal de mères qui se voient enlever la garde de leurs enfants sans raison et sans cause apparente. Donc je pense qu’effectivement, il y a un réel problème en ce moment dans toute la France, et je dirais même que ça a commencé avec le mouvement des pères en colère. Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé à ce moment-là mais je trouve qu’on assiste quand même à un revirement complet de la situation : avant, on donnait peut-être systématiquement la garde aux mères sans trop se poser de questions, avec un week end sur deux, c’est ce que j’ai connu à mon époque : il y a 30 ans, mes copines dont les parents étaient séparés, elles allaient un week end sur deux chez leur père, et la moitié des vacances scolaires, c’était le schéma basique. Quand ce mouvement est apparu, il y a eu un changement dans le point de vue de la justice, qui est devenue beaucoup plus favorable aux pères. Je ne sais pas pourquoi, je ne sais pas si c’est politique, c’est possible. Et aussi socialement, il y a eu cette préoccupation de redonner leur place aux hommes.
FS : Là, vous venez de parler du fait que les magistrats ne respectent pas la loi. Vous parlez dans votre livre d’une « justice d’humeur » et vous dites que, dans votre cas, les magistrats et la justice ont pris des décisions qui étaient illégales. Pouvez-vous commenter ?
SG : Oui, un exemple : j’avais un jugement d’un tribunal luxembourgeois qui disait que mes enfants devaient être vus par leur père dans des foyers, des endroits médiatisés—on appelle ça un « treadpunkt » au Luxembourg et « points rencontre » en France—où le père se rend pour rencontrer son enfant, sous surveillance, en présence d’un psychiatre ou d’un intervenant du centre. Ce jugement qui était valide pour toute l’Union européenne—le document qui établit que ce jugement s’appliquait dans tous les Etats européens est en annexe à la fin de mon livre—la justice française a dit qu’elle ne le reconnaissait pas, qu’elle ne reconnaissait pas un jugement du Luxembourg. Ce jugement a eu lieu en 2011, et la justice de Lyon s’est basée sur un jugement de 2006 qui n’était plus valide car périmé par le jugement du Luxembourg—mais eux m’ont condamnée sur la base de l’ancien jugement—parce qu’il était français. J’ai donc été condamnée sur un jugement obsolète qui entretemps avait été remplacé par un autre—mais ils n’en ont tenu aucun compte. Ils ont décidé de se baser uniquement sur un jugement français et d’ignorer un arrêt d’une cour luxembourgeoise—pourtant valable dans toute l’Union européenne.
FS : Au cours de ces procès, votre image a été salie, la justice a retenu contre vous le fait que vous avez réussi professionnellement donc, pour eux, ça signifiait que vous étiez une mauvaise mère. Pouvez-vous nous parler de ces biais sexistes et de la misogynie de la justice auxquelles vous avez été confrontée ?
SG : Pour la justice, en France, si vous n’êtes pas fonctionnaire d’Etat et si vous ne quittez pas votre travail à 16 heures 30 pour aller chercher vos enfants à l’école, si vous êtes une mère seule et que vous travaillez à plein-temps, on va vous le reprocher. Moi je travaillais et je voyageais—les deux choses qu’il ne faut pas faire. On m’a donc reproché d’être une mère instable parce que je voyageais et que je travaillais. Et le fait que je travaille dans un job pour lequel j’étais amenée à voyager, c’était l’apothéose. « Mais qui s’occupe des enfants ? » demandaient-ils–alors que j’avais une nounou à domicile. Quand j’étais en France, j’avais une nounou, quand j’étais au Luxembourg, j’avais une nounou qui les gardait pendant que je travaillais. Il faut tout de même rappeler qu’élever des enfants sans l’aide matérielle du père, ça coûte de l’argent, et donc il fallait que je travaille pour élever mes enfants. Quand je n’étais pas au travail, j’étais avec eux et je m’occupais d’eux tout à fait normalement. Mais le fait que je travaille, pour les juges, c’était « elle ne s’occupe pas de ses enfants », pour les assistantes sociales, c’était « elle n’a pas de temps pour ses enfants, elle n’a pas le temps de les emmener ici ou là ». Et qu’ils vous donnent rendez-vous en pleine journée, en plein milieu de l’après-midi, quand vous avez en même temps à assurer des rendez-vous professionnels, ça les indiffère totalement.
FS : Est-ce qu’il n’y a pas encore la notion qu’une bonne mère, c’est une femme qui s’occupe à plein temps de ses enfants et que le travail, ça n’est pas compatible avec la maternité ?
SG : Sauf si vous rentrez dans le moule du fonctionnariat, ou si vous avez un travail à mi-temps, le genre de job où vous avez vos mercredis et où vous rentrez à 16 heures 30.
FS : Dans votre récit, on note également que la justice a retenu contre vous ce que vous faisiez pour vous protéger de votre ex—comme de déménager pour échapper à son harcèlement et à ses violences. Cela vous a valu d’être taxée d’instabilité et de volonté de non-présentation d’enfants. Vos commentaires sur le fait que non seulement la police se désintéresse des femmes victimes de violences—mais que lorsqu’elles prennent des mesures pour assurer elles-mêmes leur protection, ces mesures sont criminalisées et qu’en quelque sorte, la justice pose que les femmes doivent se laisser persécuter sans se défendre ?
SG : Quand on était ensemble, mon ex m’a tapé dessus, plus d’une fois, et j’ai eu jusqu’à 28 jours d’ITT. Quand je suis allée porter plainte, couverte de bleus et de blessures, avec la copine qui m’a emmenée, on a refusé de prendre ma plainte. Et après, alors qu’il était en permanence sur notre dos, à chaque fois que j’ai voulu porter plainte, ils ont refusé de prendre la plainte.
FS : Vous dites qu’ils réagissaient en disant : « c’est une simple scène de ménage » et « revenez si vous avez des ITT de plus de 8 jours ». Et quand vous êtes revenue avec un ITT de plus de 8 jours, ils ont quand même refusé de prendre la plainte.
SG : Oui, c’est incroyable. A tel point que, comme je l’explique dans mon livre, j’ai dû faire intervenir la police des polices—ma belle-mère connaissait quelqu’un—pour qu’ils changent leur position, mais ça a mis du temps avant que la police des polices intervienne et que je puisse avoir gain de cause. C’est très dur d’être écoutée, on vous marche dessus, vous n’êtes rien. De toute façon, dans le milieu médical où j’évolue, j’entends pas mal de psychiatres. Ils ont des patientes qui sont femmes de policiers qui se font taper dessus–les violences conjugales ne sont pas absentes de ce milieu, loin de là. Une des fois où j’avais été au commissariat pour déposer une plainte, et que j’expliquais tout ce qu’il me faisait, le policier qui m’avait reçue s’était identifié à mon ex et me disait des choses comme : « de toute façon, ma femme aussi m’a quitté, et elle a emmené mes enfants, vous êtes toutes les mêmes… » Il s’était identifié à mon histoire à travers la sienne, du coup, on était les femmes à abattre. Il ne m’écoutait même pas, il me racontait sa vie, il parlait de son histoire à lui au lieu d’écouter ce que je lui disais. J’ai mis le livre sur les réseaux sociaux et j’ai vu les coms d’une dame qui est assistante sociale, et son mari est gendarme. Et c’est pareil, il est hyper-violent avec son enfant. Comment voulez-vous porter plainte alors que les policiers et gendarmes ont plein de choses à cacher dans leur vie personnelle?
FS : J’ai lu qu’en matière de violences masculines, la catégorie des policiers était sur-représentée…
SG : C’est grave ça. Et ça permet de comprendre pourquoi, quand on est une femme qui porte plainte, ils ne s’occupent pas de nous et donnent l’impression d’en avoir rien à faire. Ou ils rédigent les plaintes de façon à ce qu’elles soient mises à la poubelle rapidement.
FS : Votre mari a attiré l’attention des médias en grimpant en haut de la cathédrale de Chartres avec une banderole, soutenu par une association de pères. Vous dites que les médias ont relayé sans aucune vérification la version du père de vos enfants, et que le Ministère de la justice (à la tête duquel se trouvait Christiane Taubira à l’époque) donnait également l’impression d’être aux petits soins pour les associations de pères—et même aurait voulu faire un exemple avec votre cas. Pourquoi cette puissance et cette popularité des associations de pères ?
SG : D’abord, les articles de journaux sur les associations de pères disent n’importe quoi. J’ai envoyé mon livre à l’Echo Républicain. Ce journal a osé affirmer dans deux articles que Monsieur avait la garde exclusive des enfants, alors qu’il y avait en fait un jugement selon lequel il devait aller voir ses enfants au Luxembourg. Mon ex n’en a pas parlé et a prétendu qu’il avait la garde des enfants—et les journalistes l’ont cru sur parole. Aucune vérification d’information, personne ne m’a appelée pour vérifier les propos de mon ex, ils n’ont même pas pris la peine de consulter les jugements. Et il a dit qu’il ne savait pas où se trouvaient les enfants, il a affirmé dans l’Echo que les enfants avaient disparu : « je n’ai pas vu mes enfants depuis 5 ans », alors que ça faisait 5 ans qu’il nous suivait, nous harcelait et qu’il y avait des jugements. Franchement, c’était n’importe quoi.
Et je ne comprends pas bien ce qui s’est passé avec ces associations de pères en colère. Je signale d’ailleurs que l’association qui soutenait mon ex-mari a totalement disparu… Je ne sais pas ce qu’elle est devenue.
FS : Mais il en reste encore plein d’autres. Le mouvement lui-même n’a pas disparu.
SG : Oui mais il faut signaler aussi que, parmi les pères qui étaient montés sur ces cathédrales, il y avait un homme qui avait kidnappé sa fille 4 fois—la mère devait être dans un état terrible mais on a attendu le quatrième kidnapping avant de le mettre en prison. Moi, je n’ai eu aucun avertissement, on m’a tout de suite mise en prison direct. Concernant ce mouvement de pères, pour moi il y avait des liens politiques : quand j’ai été arrêtée, quand j’ai été amenée dans le bureau du juge d’instruction–qui n’en avait strictement rien à faire, je l’avais vu déjà plusieurs fois–l’avocate qui était derrière la porte a entendu ce qu’il disait. Elle m’a rapporté qu’il avait dit : « oui, c’est un ordre de la chancellerie de la mettre en prison, vous n’avez pas le choix ». Et d’après l’avocate—je ne crois pas qu’elle m’ait menti, elle n’avait aucun intérêt à mentir– : « vous devez aller en prison, ce soir vous ne sortirez pas ». Elle le savait parce que c’était ce qu’elle avait entendu et elle m’a assuré avoir entendu aussi « c’est un ordre de la chancellerie, elle servira d’exemple ». Et c’est exactement ce qui s’est passé, je ne crois pas qu’on ait été nombreuses à se retrouver en prison pour ce motif-là. Et c’est comme ça que j’ai pris un an ferme.
FS : Donc il y aurait eu des ordres qui seraient venus d’en haut pour faire un exemple ? Est-ce qu’ils se sont laissé intimider par les associations de pères, ils voulaient leur faire un cadeau en quelque sorte avec votre condamnation ? Leur montrer qu’ils les écoutaient ?
SG : Je ne saurais pas vous dire. C’est peut-être quelque chose de politique. En tout cas, ce qui est clair, c’est que les jugements qui sont rendus ne privilégient pas l’intérêt de l’enfant : quand j’ai été mise en prison, j’avais plusieurs enfants à charge, dont un en bas âge. Je me demande de quel droit la justice peut enlever des enfants du foyer parental et les placer en foyer sans motif ? Moi j’habitais le Luxembourg, le père habitait Chartres—et les enfants ont été placés à Lyon ? Comment est-ce possible de placer les enfants dans une ville alors qu’aucun des deux parents ne vit à moins de 500 km? Il n’y a aucun souci des enfants dans ces décisions de justice ; même venir les voir en week end, ça n’était pas possible. Et en plus, la justice fait payer les enfants, puisqu’elle avait décidé que c’est les enfants placés à Lyon qui devraient faire 500km pour aller voir leur père une fois par mois dans un centre.
FS : C’était un arrangement complètement irrationnel, et un poids énorme qui était mis sur vos enfants, ces déplacements à travers la France, les transports, tout ça à votre charge…
SG : Tout à fait. Et ce que ça met en évidence, c’est que la justice ne prend pas en compte le bien-être de l’enfant. Ce sont les enfants qui paient l’addition.
FS : Vous avez évidemment été accusée d’«aliénation parentale ». Que pensez-vous de cette théorie et du fait que, considérée comme sans fondement par la communauté psychiatrique internationale, elle est néanmoins toujours invoquée dans des tribunaux français ?
SG : J’ai lu récemment un article qui disait que, maintenant, ils n’ont plus le droit de parler d’aliénation parentale—mais qu’ils ont trouvé un autre mot. C’est utilisé absolument pour tout : la mère dit un mot-c’est de l’aliénation parentale– les enfants disent quelque chose : « ils sont aliénés par la mère » ; c’est l’explication passe-partout qu’on entend constamment. Si les enfants venaient voir la juge, sa réaction quand ils essayaient de lui parler de leur ressenti, c’était « vous avez été aliénés par votre mère ». Et ma fille me demandait : « maman, ça veut dire quoi, aliéné ? »
FS : Vous savez que l’Américain qui a théorisé le « syndrome d’aliénation parentale », Richard Gardner, était un avocat de la pédophilie : il défendait le droit des hommes adultes à abuser sexuellement des enfants.
SG : Ca ne m’étonne pas, non seulement les manipulateurs pervers ont le champ libre, mais on continue à leur confier des enfants.
FS : Votre avocate a dit de votre ex que « cette haine (qu’il a pour vous), c’est sa raison de vivre ». Et la raison de cette haine, ça serait selon vous qu’il lui est intolérable pour son image virile que sa femme lui ait résisté. Pouvez-vous commenter sur cette psychologie masculine particulière, mélange « d’homme omnipotent et d’homme-enfant irresponsable » ?
SG : Il n’a pas une très bonne image de lui-même. Il a été abandonné à la naissance par sa mère, qui était alcoolique et folle—il l’a retrouvée des années plus tard. On voyait bien qu’en me persécutant, il cherchait à faire payer les femmes. C’est bizarre chez ce genre d’hommes, le fait d’en même temps « aimer les femmes », d’en avoir peur et les haïr. Avec une identification obsessionnelle avec leurs enfants– tout en étant absolument incapables de s’en occuper.
FS : Est-ce qu’il vous considérait, vous et ses enfants, comme sa propriété, et qu’il a été choqué quand « sa propriété » a commencé à prendre des décisions et à se comporter comme quelqu’un d’autonome ?
SG : Exactement. Ca c’est le principe du manipulateur : d’avoir tout le monde sous sa coupe, de vouloir tout gérer, tout contrôler et de tout décider pour tout le monde. Pour eux, vous n’êtes qu’un jouet. Et à partir du moment où vous les abandonnez, ça leur est tellement insupportable qu’ils ne vivent plus que pour rattraper leur proie. Ils ne supportent pas de la laisser échapper. Ils veulent se venger, et ça devient leur raison de vivre.
FS : On a l’impression qu’il n’avait vraiment rien d’autre à faire dans la vie, qu’il était harceleur à plein temps, c’était devenu son job, il ne faisait que ça…
SG : Il ne travaillait pas, il avait hérité de son père, dont il avait reçu une grosse somme d’argent, et en plus il cultivait de la drogue. Donc il n’avait rien d’autre à faire que de me surveiller, d’interférer—j’ai été suivie, espionnée, j’ai tout eu.
FS : Quand vous avez été arrêtée suite à un contrôle routier de routine, la police a laissé vos enfants—dont un de deux ans—abandonnés et sans nouvelles de leur mère pendant plusieurs jours. Et votre mère a été accusée de « kidnapping » pour les avoir alors recueillis et pris soin d’eux. Ils ont ensuite été placés en foyer, à la demande de votre ex. Demande à laquelle a accédé la justice parce qu’elle considérait que « seul le placement en foyer permettra de restaurer le lien avec le père ». On a l’impression que le droit des pères a été la priorité de la justice, et qu’il passe avant les droits des enfants. Qu’en pensez-vous?
SG : Dans mon cas, ça montre qu’on ne pense pas au bien-être des enfants, on ne pense pas à leur construction future, on pense uniquement à sauvegarder ce lien, même s’il est dangereux pour eux, même si le père est violent. On reçoit des enfants, dans les cabinets psychiatriques, qui sont violés chaque week end par leur père mais, au nom du lien paternel, on ramène ces enfants au père chaque week end. Je n’ai pas de mots pour décrire ça. Et on nous dit : « le lien paternel est très important pour la construction d’un enfant ».
Oui, il est important pour la construction d’un enfant—mais seulement si ce lien est sain. A partir du moment où il devient nocif pour l’enfant, en quoi ça aide à la construction de l’enfant ? Un père détruit par l’alcool, qui bat ses enfants, ça risque de faire des enfants violents, qui vont s’alcooliser et qui vont reproduire les dysfonctionnements paternels. En quoi c’est souhaitable ? Et après en plus on vous dit—pour arranger les choses—« ils vont être placés ». Et alors non seulement ils ont une mauvaise image du père mais en plus, ils sont en foyer– on sait ce que deviennent les enfants en foyer : ils sont généralement entièrement détruits. La société et la justice produisent des enfants qui sont entièrement détruits. Et à cause de cette justice maltraitante, ils deviennent eux-mêmes des bourreaux.